Ce gouvernement a proclamé par la bouche d’Elisabeth Moreno, ministre chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l’Egalité des chances, qu’il n’y avait pas un seul gouvernement qui se soit occupé des violences « contre les femmes comme nous l’avons fait ». Et de préciser que quatre lois ont été votées depuis l’accession d’Emmanuel Macron au pouvoir.
Si ce gouvernement a été contraint de voter quatre lois c’est d’abord parce qu’il s’est trouvé au milieu de la tornade #MeToo et qu’il subit depuis une pression extrêmement forte. C’est aussi parce qu’aucun gouvernement auparavant n’a voulu voter une loi-cadre comme l’Espagne l’a fait dès 2004. Les pouvoirs colmatent les brèches et tant qu’il n’y aura pas une forte volonté politique de lutter contre ces violences, il faudra voter des lois. Au lieu de cela, tous les gouvernements veulent essayer de sauver les fondements de la justice patriarcale en restreignant la portée des lois votées.
Et pourtant malgré toutes ces lois les féminicides continuent, les victimes sont mal reçues dans les commissariats (#doublepeine), les non lieux et classements sans suite continuent de tomber. Tous les secteurs dénoncent les violences…..(sport, théâtre, politique, etc..).
Il est urgent d’appliquer les lois votées : par exemple l’article 15-3 du code de procédure pénale qui oblige à recevoir les plaintes de victimes d’infraction pénale ou la loi de 2014 qui instaure une formation obligatoire des professionnel.le.s ou enfin la loi sur l’avortement de 2001 qui instaure trois séances annuelles d’éducation à la sexualité auprès des élèves.
En outre, il faudrait encore voter une loi, globale celle-là, comportant une grande série de mesures indispensables. L’une d’entre elles serait particulièrement significative : créer comme en Espagne des tribunaux spécialisés contre les violences sexistes et sexuelles avec des magistrat.e.s volontaires, motivé.e.s et sérieusement formé.e.s. Peut-être qu’à partir de là les victimes auraient plus confiance envers la justice de leur pays.
Collectif National pour les Droits des Femmes
Six recommandations de la FNCIDFF pour renforcer la prévention et la protection des femmes victimes de violences
Violences sexistes et sexuelles, la Fédération Nationale des Centres d’Information sur les Droits des Femmes et des Familles (FNCIDFF) émet six recommandations pour renforcer la prévention et améliorer la protection des femmes victimes de violences.
Les violences faites aux femmes nous concernent toutes et tous. Elles prennent différentes formes (harcèlement sexuel, viol, agression sexuelle, cybercontrôle, etc.) et se déroulent dans tous les lieux que fréquentent les femmes : les espaces publics, leur foyer, leur lieu de travail, leur université….
Pour lutter contre ces violences, la FNCIDFF et les CIDFF mènent des actions de sensibilisation, informent et accompagnent les femmes victimes au quotidien. A l’occasion de la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, ce sont plus de 160 actions qui ont été mises en place par notre réseau sur l’ensemble du territoire national. Tout au long de l’année, la FNCIDFF et les CIDFF mènent aussi des actions de sensibilisation et de prévention. C’est dans cette perspective que la campagne de sensibilisation #NeRestePasSeule a vu le jour. Cette campagne, diffusée sur les réseaux sociaux et dans les universités, a été conçue spécifiquement pour prévenir et lutter contre les violences sexistes et sexuelles faites aux étudiantes.
Au-delà de ces actions, les 104 CIDFF, qui constituent le premier réseau d’information juridique et d’accompagnement des femmes victimes de violences avec près de 2100 permanences sur tout le territoire, ont accueilli et informé près de 44 000 femmes victimes de violences sexistes et sexuelles en 2020.
Cet accompagnement réalisé au quotidien par notre réseau nous permet d’avoir une vision très précise des besoins des femmes victimes de violences. Ces besoins nous poussent à constater que des réformes visant à renforcer la prévention et améliorer la protection des femmes victimes de violences doivent être mises en place :
Six préconisations faites par la FNCIDFF pour renforcer la prévention et améliorer la protection des femmes victimes de violences :
- Former tou-te-s les professionnel-le-s susceptibles d’être en contact avec des femmes victimes de violences (justice, police, professionnel-le-s de santé, etc…)
- Rappeler aux forces de l’ordre que la prise de plainte est obligatoire (article 15-3 du Code de procédure pénale)
- Recourir davantage aux dispositifs de protection pour les femmes victimes de violences (téléphone grand danger et bracelet antirapprochement)
- Sensibiliser les juges aux affaires familiales aux violences conjugales afin qu’ils prononcent davantage d’ordonnances de protection ; dès qu’il y a violences vraisemblables, il y a danger !
- Harmoniser les financements des associations qui portent les dispositifs de protection sur l’ensemble du territoire en proposant un financement fixe annuel
- Permettre une meilleur coordination des différent-e-s acteur-rice-s en contact avec les femmes victimes et les auteurs de violences au niveau local (police, justice, services pénitentiaires, services sociaux et associations référentes) pour un meilleur partage d’informations et ainsi, une meilleure protection des femmes victimes de violences.